Pour en finir avec Mr Le Bohec et son "Alésia", je viens de terminer l'ouvrage que voici qui m'a éclairé un peu sur le sujet. J'avais en effet trouvé les thèses de cet historien de renom assez farfelues et étais resté sur ma fin face aux réponses laconiques pour ne pas dire inconsistantes qu'il m'avait donné lors du café historique qui lui était consacré.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Ainsi quand il parle de la stratégie du "marteau et de l'enclume" quand Vercingétorix se replie sur Alésia et s'y enferme, j'avais des doutes... Ce petit oppidum d'un peuple mineur ne semblait vraiment pas convenir. Si Vercingétorix avait vraiment voulu mettre en oeuvre un tel piège pourquoi ne l'a t-il pas fait devant Avaricum (Bourges pour ceux qui savent pas et qui sont du coin, honni soient-ils !). César nous dit que les Bituriges, peuple puissant de la Gaule, y avaient rassemblé une force de nombreux guerriers et décrit un siège particulièrement âpre. De plus à cette époque il n'avait pas encore fait sa jonction avec son lieutenant Labienus parti pacifier la région de Lutèce. Enfin on était au tout début du printemps et il devait alors être beaucoup plus difficile de nourrir l'armée bloquée dans un siège long qu'en plein mois d'août !
A mon avis la thèse de "l'enclume Alésia" ne tient pas.
Autre bizarrerie du sieur Le Bohec, la stratégie du "Pull and Push" : d'un côté les Gaulois menacent les arrières de César, La Province, de l'autre Vercingétorix au Nord applique la tactique de la terre brûlée, les deux effets visant à attirer et pousser les Romains vers le Sud pour s'en débarrasser, que Vercingétorix aurait mis en place dès le début de l'année 52...
Certes, les peuples limitrophes de la Province font pression sur elles dès le début de la campagne mais César de retour en Gaule met en place immédiatement des mesures militaires pour protéger ses arrières et soulager la Province de la pression gauloise.
D'autre part il remonte vers le Nord, déjoue l'armée de Vercingétorix pour regagner sa base de Sens et y rassembler ses légions, avec lesquelles il accomplit une véritable virée punitive chez les insurgés (Eduens, Carnutes, Bituriges puis Arvernes). D'après Joël Schmidt qui est presque plus généreux sur ce passage du conflit que Le Bohec, ce n'est que quand César se dirige vers le pays Biturige après avoir massacré la population d'Orléans que Vercingétorix se décide à lui couper les vivres.
On voit à la relecture de ces deux textes que les hypothèses énoncées dans cet "Alésia" semblent quelque peu fantaisistes et ne reposent pas sur grand chose. Mr Le Bohec aura-t-il voulu redorer le blason de notre grand chef Gaulois... à son profit...